Sa description
L'orgue a pris place dans le transept gauche (pour une meilleure exposition à la lumière du jour) sur une tribune construite au-dessus du porche d'entrée.
Le buffet
Copie conforme d'un buffet polychrome castillan de style Renaissance, il séduit par l'élégance et la beauté de ses proportions comme par la richesse de sa polychromie. Toute la décoration a été réalisée à la main et suivant des techniques anciennes, par des artistes espagnols spécialisés dans ce domaine. La dorure, traditionnelle et dite "à l'assiette", est polie à l'agate.
Les tuyaux
Ils sont, là encore, l'exacte copie de modèles présents dans les orgues historiques des périodes Renaissance et Baroque situés en Aragon et en Castille. Les tuyaux sont pour la plupart en étain pur. Leur harmonisation est faite suivant la technique utilisée par les artisans de l'époque. Une comparaison sonore pour des tuyaux témoins a été effectuée in situ avec des modèles historiques.
Le style sonore de l'instrument a une base d'esthétique Renaissance, en concordance avec le style du buffet. La palette sonore est complétée et enrichie par
la présence de jeux de l'époque baroque dont, notamment, les fameuses trompettes en chamades.
Cette reconstitution stylistique évolutive, à l'exemple de ce qui s'est
concrètement passé dans de nombreux cas en Espagne, permet de couvrir avec la plus grande exactitude sonore toute la littérature musicale écrite pour l'orgue dans
la péninsule ibérique.
Les éléments mécaniques et la soufflerie
Ils font appel à des techniques de fabrication analogues à celles des modèles historiques, notamment en ce qui concerne l'alimentation en vent par deux soufflets cunéiformes placés sur le côté de l'orgue et visibles depuis la nef. Il est possible de les mettre en action manuellement grâce à un jeu de cordes.
Les claviers
Ils comportent, au choix de l'organiste, quarante-cinq touches (octave courte) ou quarante-sept touches (clavier normal). Les touches naturelles sont en buix, les feintes en ébène.
La pédale
dix touches en contras de 16'
Diapason
LaIII à 415 Hz
Tempérament
Mésotonique pur
La technique des jeux coupés en basse et dessus commence lentement à se développer, permettant d’obtenir des contrastes sonores sur un seul clavier. Dans quelques cas, le jeu de Dulzaina placé horizontalement à l’extérieur du buffet dès la fin du 16e siècle préfigure ce que deviendra plus tard et systématiquement au 18e siècle l’un des effets les plus saisissants et séduisants de l’orgue ibérique, le son direct et percutant des trompettes « en chamade ». (voir plus loin "Naissance et évolution de l’orgue espagnol").
Ce type d’instrument correspond aussi à l’éclosion d’une école très riche en matière de composition pour orgue, dont les plus illustres représentants sont : Sebastian Aguilera de Heredia, Francisco Correa de Arauxo, Pablo Bruna, Juan Cabanilles, qui ont tous écrit pour un orgue de ce style.
Pour permettre l’interprétation de l’ensemble des compositions espagnoles jusqu’à la fin du 18e siècle et donner à l’instrument l’aspect sonore saisissant décrit plus haut, la composition globale de base axée sur une esthétique sonore Renaissance (qui perdure, ne l’oublions pas, pendant une grande partie du 17e siècle), est complétée par un jeu de Clarin en dessus et de Bajoncillo dans la basse, ainsi que par un cornet de 7 rangs. Ce complément s’inscrit dans la logique de ce qui s’est fait systématiquement en Espagne à partir de la fin du 17e siècle et dans la réalité d’une évolution pratique, au moment même où une conception un peu différente s’impose, aussi bien dans le traitement sonore que dans la modification de la structure des sommiers, de la mécanique et des buffets. Il convient de souligner que les nouvelles options sonores du 18e siècle n’ont pas radicalement transformé ou révolutionné la conception de base de l’orgue ibérique.
Cette option évolutive pour l'orgue de Grandvillars implique aussi qu’un choix a dû être fait en ce qui concerne la technique de construction des sommiers et d’une mécanique qui permettent la coupure de tous les jeux ou de certains jeux seulement. En revanche, le choix des mesures et l’harmonisation ont été réalisés dans une optique tournée résolument vers la Renaissance, avec le souci d’obtenir une mise en valeur optimale de l’écriture polyphonique, tout en favorisant la recherche en matière de registration.
Ces options, sujettes à débat, ont été affinées au fil du temps. L’orientation stylistique de cet instrument amène un supplément d’intérêt par la qualité de recherche qu’il impose, affirmant encore ainsi son originalité.
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